jeudi 2 mai 2024

Au contact de l’humain

Entretien avec Philippe Gaudin (7/8)

Parlez-nous de l’expérience au contact de l’humain, tant d’un point de vu clients que métiers…

Il y a une phrase que nous avons écrite avec mes collaborateurs qui dit : « Notre passion et notre engagement, vous faire vivre une expérience unique pour votre bien-être ! » Je pense que tout est dit ici : se sentir bien avec ce que l’on propose, dans ce que l’on fait, aussi bien pour moi que pour mes collaborateurs et mes clients.

Ce sont les valeurs d’échange et de partage qui me plaisent le plus. Je vois tous les jours mes clients et mes collaborateurs, des prestataires, des experts, vous, des journalistes… c’est un métier d’une richesse extraordinaire. On ne s’en rend pas compte, mais on peut passer d’une discussion sur l’origine du pot de mogettes, du poisson, des tomates ou de la salade, à une discussion sur la façon de faire le bâtiment de telle ou telle façon, comment le décorer… puis parler de RSE, de direction, ou de finances puisqu’il faut bien en parler aussi. C’est d’une richesse extraordinaire pour moi qui suis un peu touche à tout ; je ne connais pas beaucoup de métiers qui offrent une telle diversité.

La découverte des métiers

Dans le cadre de notre stratégie RSE, j’ai tenu à faire découvrir nos savoir-faire comme la boulangerie, la boucherie, la poissonnerie, qui pour des raisons sanitaires, sont enfermés dans des laboratoires et ne se voient pas. Nous avons organisé des visites de nos locaux et des arrières pour les montrer et expliquer aux consommateurs ce que nous faisons réellement. À titre d’exemple, je pense à la brioche que nous fabriquons à 100 % : nous avons notre farine, nos ingrédients et nos boulangers la fabriquent sur place. Environ une dizaine de personnes fabriquent le pain, la brioche…
En montrant tous ces savoir-faire, nous montrons aussi que nous embauchons des apprentis dans tous les secteurs du magasin et à qui nous transmettons les métiers. Nous avons ainsi pu organiser une dizaine de visites en 2019 et nous avons pu reprendre en 2023 après l’interruption liée à la crise sanitaire. Ces visites de laboratoires comme le Vendée Local nous permettent de créer du lien avec nos consommateurs.

Les salons

Le salon Vendée Local permet de montrer que les produits que nous vendons ne sont pas seulement des « boites de conserve » mais qu’il y a des entreprises derrière, avec des dirigeants et des salariés, des produits et des savoir-faire. Nous ne vendons pas seulement le pot de mogettes ou la bouteille de Mareuil, mais toute l’histoire qui est autour, et c’est important. C’est aussi l’occasion d’un travail de valorisation de nos équipes qui sont chargées de l’organisation des rayons, de la décoration, des animations… C’est devenu le rendez-vous le plus important de l’entreprise.

Nous avons organisé un salon de la BD ces dernières années, car je pense que la culture doit être la plus proche possible des gens. Pourquoi la BD spécifiquement ? D’abord parce que je suis un grand amateur de bande-dessinée, mais aussi parce qu’historiquement, il y avait déjà eu un salon de la BD à Saint-Jean-de-Monts. Il y avait aussi des relations qui le permettaient, comme Jean-Charles Gaudin*, un ami et auteur connu (Marlysa, Les Arcanes du Midi-Minuit, L’Ombre du cinéphage, Le Feul…) que nous avons la chance d’avoir à Saint-Jean-de-Monts. Nous organisions ce salon avec l’équipe communication du magasin, ainsi que Jean-Luc, salarié du magasin et lui-même auteur. C’était un travail de longue haleine mais qui procurait une vraie énergie !

Le salon des Nouvelles mobilités est lui aussi un vrai travail de nos équipes car pendant un temps conséquent, nous mobilisons en interne 4 à 5 personnes pour la préparation et la mise en œuvre de cet événement. C’est un vrai élément de la stratégie de lien de l’entreprise.

Du commerce, oui, mais de l’humain

Aujourd’hui, nous allons vers un commerce de plus en plus technologique. Le Drive a une importance indéniable et représente environ 10 % de notre clientèle. Nous ne pourrions plus nous en passer, c’est pourquoi nous avons modernisé les bornes d’accueil et les équipement de préparation. Faire ses courses sur le Drive est très pratique, notamment pour des personnes actives car c’est rapide. Mais même si l’on peut tout y acheter – du steak comme des bouteilles d’eau – nous voyons que les gens mixent les deux, car on a tous besoin de contact humain. L’être humain est fait pour échanger et un magasin est un lieu de rencontres et d’échanges. C’est d’ailleurs ce que j’adore dans mon métier : on voit un grand nombre de personnes différentes avec qui on est dans l’échange en permanence. Et puis tant que l’offre sera locale, avec du sens et de vraies valeurs – comme les produits d’hygiène en vrac que l’on ne trouve pas sur le Drive – le client continuera de venir en magasin. À nous d’amener la bonne réponse au consommateur pour qu’il vienne nous voir, avec tout ce qu’il y a autour, c’est-à-dire, le savoir-faire, la relation humaine, les renseignements… et le cadre qui va avec.

Nous avons une très bonne fréquentation, même en hiver, nous voyons clairement la population rester sur site le week-end sans chercher à aller plus loin. Il faut dire que Intersport est une vraie plus-value et la salle de sport a permis d’attirer un public qui n’existait pas auparavant. Nous sommes ici dans une offre de service plus que dans du commerce pur et dur et ça touche à un domaine politico-sportif qui m’est cher depuis toujours, à savoir de proposer des activités physiques à la population – ça touche à la santé publique. Nous avons également réaménagé le Café du Marais pour y proposer un vrai repas le midi, et une offre qui se décline du petit-déjeuner jusqu’au goûter et à l’apéro, avec un nouveau comptoir agrandi.

Des acteurs locaux

Une de mes satisfactions est de d’avoir réussi tout le projet avec les acteurs locaux – même Intersport a été investi par un groupe vendéen, quant au salon de coiffure, à la pharmacie, aux boutiques d’optique et de lingerie, tous sont tenus par des gens de Saint-Jean-de-Monts. Le cordonnier nous vient d’Aizenay, commune voisine, l’enseigne Grain de Malice est tenue par une personne de Saint-Jean-de-Monts et Beauty Success par une personne de Saint-Gilles-Croix-de-Vie… La salle de sport, elle, est tenue par une personne qui n’était pas des environs mais qui tenait déjà une salle de sport en Vendée et qui souhaitait créer sa propre activité, ce qui lui a été rendu possible grâce à l’ouverture du second bâtiment.

Avec les nouveaux commerces récemment ouverts, 28 emplois ont été créés en 2022 et qui viennent s’ajouter aux 200 emplois préexistants en 2016. Ce projet m’a permis de concrétiser une ambition forte : développer une économie locale respectueuse de son environnement, qu’il soit naturel, social ou culturel.

*Aucun lien de famille avec Philippe Gaudin

La semaine prochaine : Retour sur 30 ans… et maintenant ?